Dans le procès dit «avion présidentiel et équipements militaires» à la Cour d’assises de Bamako, la journée d’hier a été marquée par la comparaison de deux officiers supérieurs accusés de «faux et usage de faux en écriture», «d’atteinte aux biens publics»…Il s’agit du Général de brigade Moustapha Drabo, directeur du matériel et des hydrocarbures des Armées et du Colonel-major Nouhoum Dabitao, directeur du Commissariat des Armées, au moment des faits.

Au cours de l’audience, le parquet général a longuement reproché aux deux accusés un manque de clarté autour de la procédure appliquée pour l’expression des besoins en équipements militaires qui a constitué é de base par le ministre de la Défense de l’époque Soumeylou Boubèye Maïga, pour l’établissement du protocole d’entente sur l’exécution du marché de fourniture avec la société Guo-Star.  Le président de la Cour, Bamassa Sissoko et ses conseillers ont insisté sur les manquements à la procédure normale d’expression des besoins pour des acquisitions d’équipements de telle importance.

Ainsi, le procureur Kokè Coulibaly soupçonne une connivence entre le général Drabo, l’ancien ministre de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga et les opérateurs économiques Sidi Mohamed Kagnassi et Amadou Kouma. Car, selon le chef parquetier, le Général Drabo s’est substitué à l’Armée de terre qui était le bénéficiaire direct des équipements militaires pour faire l’expression des besoins. Aussi, la Cour a demandé au Général Drabo de justifier les écarts d’environ 30 milliards de Fcfa entre les déclarations de la direction des finances et du matériel du ministère de la Défense et des Anciens combattants qui a confirmé la réception d’équipements pour le montant d’environ 69 milliards de Fcfa conformément au protocole d’entente et aux rapports du contrôle financier qui attestent la réception pour 39 milliards de Fcfa.

Pour sa défense, Moustapha Drabo a expliqué que les 39 milliards de Fcfa évoqués par le contrôleur financier correspondant aux équipements livrés à mi-parcours. Selon lui, le reste du matériel a été livré après jusqu’à satisfaction du contrat. Il dit avoir reçu au total, 281 véhicules qu’il a transmis à l’Armée de terre. Sur les entorses référencés par le parquet sur la procédure d’expression des besoins, l’accusé a justifié sa démarche par l’urgence du moment et le contexte de déliquescence de l’Armée.

« Le ministre de la Défense m’a instruit de centraliser les besoins de l’Armée de terre de toute urgence. C’est ce que j’ai fait en appelant le chef d’état-major de l’Armée de terre et en mettant le chef d’état-major général en ampliation», at-il déclaré, ajoutant que cela faisait environ 25 ans qu’une e telle opportunité d’acquisition ne s’était présentée. «Il fallait saisir l’occasion et c’est ce que nous avons fait», s’est défendu le Général Drabo. Pour appuyer la version de son client, son avocat Me Mamadou Bobo Diallo a requis auprès de la Cour, la comparaison du chef d’état-major de l’Armée de terre de l’époque pour qu’il puisse confirmer qu’il était bien l’auteur de l’expression des besoins et qu’il était très heureux de recevoir les équipements livrés.

Pour sa part, le colonel-major Nouhoum Dabitao a carrément réfuté les faits de faux et usage de faux et d’atteinte aux biens publics qui lui sont reprochés et exigent que justice lui soit rendue. Concernant les disparités épinglées dans l’arrêt de renvoi, l’ex-directeur du Commissariat des Armées pl aide non coupable. Il estime que sa structure n’avait pas compétence à ordonner des décaissements.

« En 2012, tout était urgent et prioritaire pour l’Armée qui était presqu’en lambeau. Le chef de l’État, Ibrahim Boubacar Keïta voulait que le 20 janvier 2014 , le Mali montre un nouveau visage de son Armée qui était en guerre», a indiqué le colonel-major Nouhoum Dabitao. Il ajoutera qu’en tant que structure subordonnée, il a, sur instruction du ministre de la Défense et des Anciens combattants, précisant l’expressi sur des besoins à l’opérateur Sidy Mohamed Kagnassi et rendu compte à Soumeylou Boubèye Maïga.

Aboubacar TRAORÉ