L’affaire des fonctionnaires et agents des collectivités de l’Etat qualifiés de fictifs ou de doublons à la suite de l’enrôlement biométrique dans le cadre du Système intégré de gestion des ressources (SIGRH) fait couler beaucoup d’encre au sein de l’opinion, qui ne comprend rien dans le processus de traitement de salaires.

C’est le sauve-qui-peut dans les différentes directions des ressources humaines (DRH) et directions des finances et du matériel, parce que nul ne veut endosser la responsabilité, au risque de se retrouver devant la justice. Et pour cause. Face aux mécanismes de travail imposé par le Bureau central des soldes (BCS), les salaires du mois de septembre risquent de connaitre un léger retard. Comment ? Notre enquête !

epuis que cette affaire a éclaté le ministre de l’Economie et des Finances n’a de cesse de s’impliquer pour situer les responsabilités. Il a invité toutes ses démembrements techniques à prendre le problème à bras le corps pour une solution définitive. Ce qui explique dès les premières heures sa lettre n°1076/MEF-SG du 26 août 2025 où il a indiqué que l’enrôlement dans le cadre du SIGRH a permis de déceler que 36 151 agents publics ne se sont pas présentés à l’enrôlement, pour une masse salariale annuelle de 48,28 milliards de F CFA.

Face à cette situation et pour freiner l’hémorragie financière, il a instruit les directeurs et responsables de services de procéder à compter du mois des septembre 2025 à l’arrêt immédiat du paiement des salaires  des 36 151 agents non recensés, de suspendre les salaires des doublons constatés sur les 122 166 agents avec ou sans Nina, ou contrôle insatisfaisant. Depuis ce jour les tractations ont commencé à tous les niveaux pour non seulement situer les responsabilités, mais aussi se mettre à l’abri d’une éventuelle poursuite judicaire.

C’est à ce  titre que le Bureau central de la solde a demandé aux DRH de tous les secteurs et certaines directions des finances et du matériel de transmettre au plus tard hier mardi la liste du personnel recensé, la liste des cas de doublons et la situation des fonctionnaires et autres agents de l’Etat recrutés après l’opération du SIGRH. Ce qui permettrait de faire un pointage contradictoire entre ces données et celles de l’état nominatif de salaires du mois de septembre.

Si cette mission commando du BCS constitue une clef pour situer les responsabilités, force  est de reconnaitre aussi qu’elle risque de mettre les salaires du mois de septembre en retard. Parce que les états nominatifs des salaires sont fournis par le BCS immédiatement après le paiement du salaire du mois en cours. Lesdits états sont traités et soumis au visa des différentes délégations du Contrôle financier auprès des différents départements ministériels. Cela peut prendre cinq jours. Encore faudrait-il que ces états nominatifs soient tirés à temps.

Or jusqu’au moment où nous mettions sous presse cet article, le BCS n’avait pas fait ce tirage. Car tous les ministères à travers les DRH et les DFM n’avaient pas transmis leurs données. Alors question ? Comment de tels scenarios (fonctionnaires fictifs ou doublons) peuvent se produire dans un monde informatisé ? La question mérite d’être posée. Seulement faudrait-il rappeler que les directions des ressources humaines ont été créées, uniquement pour prendre en charge la situation administrative et financière des fonctionnaires et autres agents de l’Etat. Mais compte tenu de leur crise de personnel, et du manque de cadres, cela n’a pas pu être une réalité. C’est pourquoi certaines DFM continuent de gérer les salaires. Malgré tout est ce que les directions des ressources humaines ne devraient pas être en mesure de fournir à tout moment une liste actualisée des fonctionnaires et autres agents de leurs secteurs respectifs ? Si cela avait été mis en œuvre, cette affaire de fonctionnaires fictifs ou de doublons ne se serait pas posée aujourd’hui. Parce qu’elles seront en mesure de maitriser la position statutaire de tous les fonctionnaires et autres de l’Etat. Hélas !

  Kassoum Théra