Les autorités américaines ont mis en place un programme pilote de Visa Bond visant spécifiquement les voyageurs maliens, une initiative qui suscite de vives réactions à Bamako.
Ce dispositif, qui impose aux candidats au visa une caution financière remboursable, vise à renforcer le contrôle migratoire. En réponse, le gouvernement malien a annoncé à travers un communiqué, samedi, une mesure de réciprocité applicable aux ressortissants américains sollicitant un visa pour le Mali.
Selon un communiqué officiel de l’ambassade des États-Unis à Bamako, le programme de caution de visa concerne les demandeurs de visas B-1/B-2 (affaires et tourisme). Ces derniers devront désormais verser une caution allant de 5 000 à 15 000 dollars, somme qui leur sera restituée à leur retour au Mali dans les délais autorisés. L’objectif affiché par les autorités américaines est de dissuader les dépassements de séjour, notamment en provenance des pays présentant un taux élevé de non-retour. Le Mali figure parmi les pays ciblés par cette mesure, en raison d’un taux de dépassement de séjour supérieur à la moyenne, selon les données du Département de la sécurité intérieure (DHS).
La réaction rapide du gouvernement malien
Face à cette décision jugée discriminatoire, les autorités maliennes n’ont pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié avant-hier, samedi, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a qualifié cette mesure d’ »injuste » et non conforme à l’esprit de coopération bilatérale. En guise donc de réciprocité, le gouvernement malien a annoncé l’instauration d’une caution identique pour les ressortissants américains sollicitant un visa pour entrer sur le territoire malien, applicable selon certaines sources dès le 1er novembre 2025.
« Le Mali, tout en restant ouvert à la coopération internationale, se doit de protéger la dignité de ses citoyens à l’étranger. Nous espérons que cette mesure encouragera un dialogue diplomatique constructif sur la mobilité entre nos deux pays », a déclaré un membre de cabinet de ce département ministériel.
Réactions partagées au sein de la société civile
Cette série de décisions suscite des réactions contrastées. Certains acteurs de la société civile malienne saluent la réponse du gouvernement, qu’ils qualifient d’acte de souveraineté. D’autres expriment leur inquiétude quant à l’impact sur les échanges humains, culturels et économiques entre les deux pays.
« Ce type de mesure risque d’alourdir davantage les procédures de voyage et de freiner les opportunités de mobilité pour les jeunes Maliens », estime Mariam Traoré, présidente d’une association de jeunes professionnels.
Vers une révision des politiques de visa ?
Le programme pilote américain, qui devrait être évalué après une période de six mois, s’inscrit dans une série de mesures migratoires plus strictes adoptées ces dernières années. De leur côté, les autorités maliennes appellent à des discussions bilatérales pour aboutir à un mécanisme plus équitable. Pour l’heure, la mise en œuvre simultanée des mesures des deux pays risquera de compliquer les démarches administratives pour les citoyens des deux pays, tout en posant la question plus large de la mobilité internationale et de l’égalité de traitement entre les nations.
En mettant dans la balance les deux décisions, il apparaît nettement qu’elles porteront toutes des préjudices aux Maliens (qui sont à la fois les plus grands demandeurs de visa américain que du visa malien pour les membres de leur famille vivant aux USA). La quête de la souveraineté ne donne pas toujours le temps de réfléchir à tout cela.
Adama Tounkara