La recherche du carburant dans les stations-service révèle un autre malaise profond dans notre pays: celui de l’effritement de nos valeurs. La discipline et l’ordre ont vite cédé.
Ce qui devait être un élan de solidarité, devient le miroir d’une société en quête de civisme. Tous les moyens sont bons pour se faire remarquer: insultes, contestations, agressions. Et, il faut désespérer pour un pays, où l’incivisme, l’indiscipline et l’arrogance sont désormais considérés comme des règles de bonne conduite. Crise d’identité ? Crise de repères ? Chacun a sa réponse.
Le Mali, depuis quelques semaines, fait face à une pénurie de carburant due aux attaques ciblées des camions- citernes, perpétrées par des terroristes sur les axes routiers. Du coup, des perturbations sont intervenues dans le ravitaillement des stations. De longues files d’attente se forment devant des stations en attente de carburant ou celles qui servent les clients. Et cela depuis des jours. Elles provoquent des bousculades, altercations, comportements agressifs et déviants. Malheureusement, cette crise d’ailleurs conjoncturelle met aujourd’hui à nu un malaise profond dans la société malienne: l’effritement de nos valeurs face à la pénurie de carburant.
Le constat est alarmant. Dans les stations, comme sur les routes, l’incivisme, l’indiscipline et l’arrogance semblent avoir pris le pas sur la solidarité et la patience, montrant ainsi les failles d’une société à la recherche de repères et de responsabilité collective. Des femmes et des hommes ne se font plus de cadeau. Le forceps dicte sa loi. Le moindre geste de l’un est interprété par l’autre comme un manque de respect ou de considération. Et la tension monte d’un cran. S’ensuivent des coups de poing, des insultes de parents, sous le pagne. Souvent, elles n’épargnent personne de la lignée.
Cette pénurie de carburant montre que notre pays à du chemin à faire dans le cadre de la formation d’un citoyen discipliné, honnête et respectueux des autres et de la loi. Ces quelques jours ont suffi pour montrer à la face du monde que la discipline et l’ordre sont bannis des comportements des Maliens. Les véhicules, les motos, les tricycles bloquent tout passage. Même les routes de sens contraire sont anarchiquement occupées par ces engins. Idem pour les rues adjacentes. Cet embouteillage de circonstance crée des désagréments non seulement pour les passagers, mais aussi pour les habitants. Certains riverains des stations-service, dont les accès à leur rue sont obstrués par cette anarchie, sont contraints de faire des détours pour regagner leur famille. Que de peine !
Et le tout dans un environnement insalubre. Le comportement du Malien se conjugue avec incivisme, indiscipline et arrogance. Partout où il se trouve, la protection de l’environnement est son dernier souci. Il ne se préoccupe guère de son cadre de vie. Tout est à jeter sur la voie publique. Les sachets d’eau, de nourriture en plastique, des cannettes, reste de nourriture commencent à former des tas d’ordures nauséabondes le long des files d’attente et dans les stations.
En revanche, d’autres se sont organisés pour que cela ne porte pas atteinte à nos valeurs. Dans certains lieux, la discipline, la courtoisie, la cohésion sociale, le respect dû aux aînés et aux femmes sont scrupuleusement respectés. L’environnement est bien propre.
Il est temps que les Maliens changent de comportement pour leurs propres intérêts.
Yoro SOW

