Kaya (Burkina Faso), Sikasso (Mali) et Dosso (Niger), en une semaine, l’armée française a fait face à la grogne des populations locales. Soit pour empêcher un convoi militaire français de passer par leur localité, ou dénoncer le processus d’installation des bases militaires françaises, les populations du Sahel sont vent debout contre l’armée française.
Pendant quatre jours, des manifestants au Burkina dans la ville de Kaya ont tenu tête à un convoi de militaires français qui tentait de traverser leur localité. Le convoi logistique de l’opération Barkhane avait quitté Abidjan pour Gao au Mali. Le jeudi 18 novembre, des populations ont fait barrage à ce convoi.
Dans la foulée de cette manifestation, un garçon du nom d’Aliou Sawadogo est devenu le symbole de la résistance contre les troupes françaises en Afrique et au Sahel. Muni d’un lance-pierre, le jeune garçon de 13 ans a abattu un drone des services de communication de l’armée française qui survolait les manifestants.
Face à la détermination des manifestants dont les rangs augmentaient de jour en jour, le convoi se replie sur Ouagadougou, la capitale du Burkina. Ce même jour, dimanche 21 novembre 2021, à 600 km de là, à Dosso au Niger, un collectif de la société dénommé Coalition pour la Défense de la République (CDR Dosso), a haussé le ton. « Nous considérons que la présence injustifiée et illégale des forces étrangères constitue une atteinte à la dignité de l’armée » a déclaré le collectif au cours d’un rassemblement.
CDR Dosso a exigé aux députés du Niger l’interpellation du ministre de la Défense de leur pays. Cette interpellation consistera selon eux, à éclairer l’opinion publique sur la présence des forces étrangères à Dosso. Aussi, la CDR a demandé la cessation « immédiate » des activités suspectes, les patrouilles et les ratissages d’angle des forces étrangères dans leur localité.
Sous des applaudissements nourris du public venu au rassemblement, le collectif dit rejeter « avec force toute idée qui aboutirait à l’implantation d’une base militaire étrangère dans leur région.
Pendant ce temps, à Sikasso au Mali, ville frontalière avec le Burkina, les populations ont eu écho du passage d’un convoi militaire français dans leur localité. Vrai ou faux, des jeunes ont alerté sur les réseaux sociaux appelant à une mobilisation comme à Kaya pour bloquer le passage du convoi des troupes Barkhane en opération au Mali, depuis 10 ans, sans aucun résultat d’endiguement de l’insécurité.
Au Sahel, les populations ne semblent plus vouloir cohabiter avec les forces étrangères notamment françaises. Au Burkina, la situation à Kaya était telle que le gouvernement avait été obligé de couper la connexion internet pendant au moins 72h pour permettre au convoi militaire français d’être en sécurité.
Au Mali, le drame de Bounti dans le centre du pays, est encore présent dans les mémoires. Le 3 janvier 2021, les frappes aériennes de l’armée française avaient transformé un mariage dans ce village en un cauchemar. 22 civils tués, majoritairement tous membres de la même famille. Les enquêtes de l’ONU ont conclu à une bavure de l’armée française. Des conclusions rejetées par la France qui a toujours fui ses responsabilités dans le massacre des civils dans le Sahel.
Cheick Hamala Touré / Malinewstv.com
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