Un machin sous la bouille d’un livre
On le sent : son projet était de réussir un livre. C’est, au final, un objet inclassable qu’on ne peut appeler qu’un « machin ». Il y mêle frémissements et rancœurs, ouvrant la voie à ses derniers combats contre la démocratie dont il a pourtant largement profité sous les différents régimes qui lui ont, de bonne foi, ouvert les bras. Il déroule son jeu favori : le mensonge, l’affabulation, la manipulation. En somme, une autobiographie à travers laquelle il révèle sa vraie personnalité : un caméléon doublé d’un farouche fanfaron…
Il use tant et si bien de l’autosatisfaction et de la forfanterie qu’il ne ressent aucune gêne à se citer à loisir, croyant, à tort, ne jamais lasser ni décevoir quiconque. Sans me lancer dans un jugement de valeur qui amoindrirait mon propos, je dirais que la lecture de ce document me laisse croire à la prestation d’un illuminé victime de sa propre fatuité.
On découvre son exubérante ambition au fil des pages, ce qui est loin d’être une mauvaise chose en soi. Mais, le sage en conviendra, l’ambition démesurée est la mère de tous les vices. Feu Moussa Konaté, un de nos grands écrivains, a écrit, à juste titre, que « L’ambition démesurée conduit à la perte ». Mais, s’il a un mérite, c’est qu’il a su exploiter ce défaut pour grimper dans la hiérarchie administrative et politique de notre pays, sans grands frais. Comme les gens de son espèce, il a su utiliser la ruse, la félonie, la manipulation et la propagande à grands coups de communication médiatique, pour arriver à ses fins. Sinon, aucun mérite ne le prédestinait à une si haute fonction dans notre administration publique. Les ruptures constitutionnelles, les raccourcis qui savent forger et précipiter les destins profitent le plus souvent aux personnes sans morale ni scrupule.
« La seule cure contre la vanité, c’est le rire, et la seule faute qui soit risible, c’est la vanité ». Cette phrase de Bergson a donné à cet ouvrage son programme : rire de celui qui se croit sorti de la cuisse de Jupiter, coupable surtout de flagrant délit d’autosatisfaction, d’arrogance, de fatuité, de suffisance, de prétention. Démesuré, son égo a pris de multiples formes qui sont ici disséquées à travers les vrais portraits de l’homme. Ce qui n’étonnera personne. Comme quoi, la bêtise se met au premier rang pour être vue, et l’intelligence en arrière pour voir.
On a pu penser, à certains moments de la lecture, découvrir, en lui, Modibo Kéita en personne, mais dans sa version la plus basse et la plus vulgaire. On a vite compris qu’il n’est et ne peut être qu’une version fade, sinon édulcorée du Général Moussa Traoré, son mentor qui, au moins, aura contribué à imposer un tissu et des modèles vestimentaires par lesquels nos compatriotes étaient reconnus partout.
Il semble que Komoguel (puisqu’il s’agit de lui), singulier en son genre, arborant une attitude à la fois désarmante et pathétique, ne veuille évoquer ses propres faits et gestes, ou ses conversations avec les autres que pour aboutir à ce qui l’intéresse le plus : lui-même. Sans évoquer ses moindres turpitudes. Après avoir participé activement à tous les régimes démocratiques, après la chute de son mentor, il apparaît toujours doux comme un agneau. C’est le véritable Talleyrand malien. Capable de tourner toutes les situations à son avantage, il est un diable cynique. Le peuple ne s’y trompe guère : la modestie a peu de chance d’étouffer cet homme, contrairement au type malien véritable.
Psychopathe hyper agité et dépressif, il ne comprend certainement pas ce qu’il raconte. Selon des médecins que nous avons approchés, il développe une nouvelle forme de mythomanie reconnue chez les narcissiques.
Le monsieur reproduit exactement, sinon en pire, ce qu’ils reprochent aux autres
On est en droit de se demander si un homme si opportuniste et sans véritable conviction a-t-il le droit de faire sa propre promotion ? Notre avis affiche le contraire, car un tel homme ne peut être un modèle pour nos concitoyens, surtout jeunes ! Un vrai arriviste déchu aux illusions perdues. Dans tous les cas, il ne manque pas d’audace, il faut bien le lui reconnaître…
Yaya Sangaré
Acteur du mouvement démocratique « 26 mars 1991 »
Ancien député
Ancien ministre